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Pomme de Terre

Fractionner la fertilisation des pommes de terre en fonction des usages pour optimiser le rendement

La fertilisation des pommes de terre constitue un enjeu majeur pour les agriculteurs, impactant à la fois le rendement et la qualité des tubercules. Qu’elles soient consommées fraîches ou transformées, les pommes de terre bénéficient du fractionnement des apports en engrais azotés, sauf en cas de reliquat élevé à la sortie de l’hiver.

La culture de pommes de terre exige une gestion précise de la fertilisation pour assurer des rendements satisfaisants et des tubercules de qualité, notamment en ce qui concerne leur teneur en matière sèche et en amidon. Parmi les nombreux aspects à considérer, la quantité d’azote à apporter aux plantes est primordiale : cet élément est directement impliqué dans la photosynthèse et dans la capacité de la plante à produire des glucides et donc de l’amidon. Le fractionnement des apports en azote constitue ainsi une manière de garantir un approvisionnement adéquat tout au long de la croissance des tubercules.

Le fractionnement des apports en azote offre plusieurs avantages significatifs. En répartissant les doses d’azote tout au long du cycle de croissance, cette technique permet un meilleur contrôle de la nutrition des cultures, favorisant ainsi un développement optimal et une couverture foliaire prolongée. Des études Arvalis ont montré que le fractionnement des apports en azote pouvait entraîner des augmentations de rendement significatives.

S’adapter aux conditions pédoclimatiques

L’intérêt du fractionnement des apports d’azote dépend de plusieurs facteurs, notamment de la quantité d’azote à apporter, des conditions climatiques, du type de sol, et des pratiques culturales. Si la quantité d’azote à apporter est faible et que le reliquat d’azote dans le sol est élevé, il peut être plus efficace d’apporter la dose totale à la plantation plutôt que de la fractionner. Cependant, lorsque la dose d’azote à apporter est importante, le fractionnement des apports est recommandé. Cela permet de mieux contrôler la nutrition des cultures et de maintenir une couverture foliaire optimale pendant une plus longue période. Il est particulièrement avantageux dans les sols filtrants pour éviter les pertes par lessivage des nitrates en cas de fortes pluies après la plantation. Le fractionnement se pratique généralement en deux apports : soit moitié à la plantation et moitié à la levée, soit deux tiers à la plantation et un tiers à l’initiation des tubercules. Cependant, les doses ne doivent pas être trop espacées, d’après les essais Arvalis, si le second apport est effectué plus de 45 jours après la levée, il entraîne une perte de rendement d’environ 0,5 t/ha.

Répondre aux besoins spécifiques des variétés

La gestion de la fertilisation des pommes de terre doit également prendre en compte l’usage final des tubercules. Les besoins en azote des cultures de pommes de terre varient en fonction de leur usage final, qu’il s’agisse de la consommation fraîche, de l’industrie ou de la production de fécule. Cette variation est due aux différentes exigences de qualité et de rendement pour chaque type d’utilisation. En effet, pour les pommes de terre destinées à la consommation fraîche, les critères de qualité tels que la texture, la fermeté de la chair et la tenue à la cuisson sont essentiels. Pour obtenir ces caractéristiques, les pommes de terre fraîches doivent avoir des teneurs en matière sèche modérées, généralement comprises entre 17 et 20 %. Une teneur en matière sèche trop élevée peut entraîner une texture farineuse indésirable, tandis qu’une teneur trop faible peut entraîner une cuisson inégale. Par conséquent, les besoins en azote pour ces cultures sont ajustés pour atteindre ces objectifs de qualité spécifiques.

En revanche, pour les pommes de terre destinées à l’industrie, comme la production de frites, de purées ou de chips, les exigences de qualité sont différentes. Dans ce cas, des teneurs en matière sèche plus élevées, généralement supérieures à 20 %, sont recherchées. Cela permet d’améliorer le rendement en produits finis et la qualité des produits industriels, tels que la croustillance des frites ou la consistance des purées. Il faut donc fournir aux plantes suffisamment d’azote pour qu’elles produisent amidon et protéines en quantité suffisante.

Enfin, pour les pommes de terre destinées à la production de fécule, les exigences en matière de teneur en amidon sont primordiales. Une teneur en amidon élevée est recherchée pour augmenter le rendement en fécule. Cependant, une teneur en matière sèche trop élevée peut entraîner des problèmes tels que le noircissement interne après cuisson. Pour favoriser la conversion des glucides en amidon par la photosynthèse et donc développer l’appareil foliaire de la plante, on peut adapter les apports d’azote, de potassium et de phosphore tout en limitant l’apport de chlorures qui empêchent la migration de l’amidon vers les tubercules, même à faible dosage.

Les nouvelles technologies au service des cultures

Parallèlement aux méthodes traditionnelles, de nouvelles approches et technologies émergent pour améliorer la gestion de la fertilisation des pommes de terre. Des outils de pilotage basés sur la télédétection et l’imagerie satellite permettent une surveillance précise des besoins nutritionnels tout au long du cycle de croissance, facilitant ainsi une gestion plus efficace des apports.

La fertilisation des pommes de terre représente un défi complexe pour les agriculteurs, mais aussi une opportunité d’optimisation des rendements et de la qualité des tubercules. Le fractionnement des apports en azote apparaît comme une stratégie prometteuse pour maximiser l’efficacité de la fertilisation. En combinant cette approche avec une gestion adaptée selon les besoins et les usages, il est possible d’améliorer significativement les performances tout en réduisant leur impact environnemental car le fractionnement limite les pertes.

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