Gaz à effet de serre : comment réduire son impact ?
-16 % d’émissions de gaz à effet de serre pour le secteur agricole, c’est l’objectif fixé par la Stratégie nationale bas carbone à l’horizon 2050. La troisième feuille de route, attendue en ce début d’année 2024, devrait donner plusieurs orientations en la matière. Mais les agriculteurs travaillent déjà à la réduction de leurs impacts.
Une exploitation agricole émet trois gaz à effet de serre (GES) : le méthane (CH4) dû à la digestion des ruminants, le protoxyde d’azote (N2O) lié à la production et à l’utilisation des engrais, le dioxyde de carbone (CO2) émis par la consommation d’énergies fossiles. Pour réduire l’impact de leur activité, les agriculteurs travaillent sur tous ces éléments en optimisant leurs pratiques.
Le sol : capteur et émetteur
À la fois capteur et émetteur de gaz à effet de serre, le sol joue un rôle majeur dans le bilan carbone d’une exploitation. Pour limiter la libération du dioxyde de carbone retenu dans le sol et favoriser sa séquestration, plusieurs stratégies peuvent être privilégiées : allonger les rotations des cultures et des prairies, opter pour une couverture végétale permanente… Autant de techniques qui visent à limiter l’érosion, à favoriser la vie microbienne et à augmenter la quantité de matière organique dans le sol. Un bilan humique permet de vérifier l’efficacité de ses pratiques et de les corriger.
Optimiser la fertilisation des sols
En termes d’émissions, la fertilisation constitue un levier essentiel. Quand les engrais sont dégradés par les bactéries, le processus de nitrification émet du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre puissant et persistant. L’enjeu consiste à permettre aux cultures de bénéficier de ces nutriments, tout en limitant la nitrification. Pour cela, la fertilisation s’optimise grâce à l’analyse fine des besoins des sols et des plantes (manuelle ou via des capteurs) et à l’injection directement dans le sol. Les engrais à libération contrôlée et les inhibiteurs de nitrification et d’urée permettent de limiter les émissions, en fournissant les nutriments en quantité moindre mais sur une période prolongée.
Introduire des légumineuses
Toujours dans cette logique d’optimisation de la fertilisation des sols, l’introduction de légumineuses est aussi une technique privilégiée pour réduire les GES. Ces végétaux possèdent notamment la capacité de fixer l’azote atmosphérique et de le convertir en une forme utilisable par les plantes et les sols. Dans des cultures céréalières, par exemple, la mise en place de rotations avec des légumineuses renforce la fertilité du sol, avec cette fixation d’azote, mais aussi grâce à leur teneur élevée en matière organique et aux racines profondes et ramifiées qui favorisent une meilleure aération du sol.
Passer au renouvelable
Les agriculteurs français se tournent de plus en plus vers la production d’énergies renouvelables. L’équipement de bâtiments en panneaux photovoltaïques, favorisé par la loi d’accélération des énergies renouvelables, est une solution de plus en plus prisée, de même que l’agrivoltaïsme, afin de produire de l’énergie tout en protégeant les cultures. Le tout en menant, en parallèle, une réflexion de réduction des besoins de l’exploitation en énergie, y compris en carburant pour les machines agricoles. Notez que toutes ces stratégies doivent toutefois être adaptées selon les conditions de chaque exploitation, ses cultures, ses contraintes et la région dans laquelle elle est implantée.