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Orge

Taux de protéines de l’orge : impact sur l’industrie brassicole et l’élevage

Depuis le champ jusqu’à nos tables, sous forme de bière ou intégrée dans l’alimentation animale, l’orge est une céréale omniprésente. Mais seules certaines récoltes deviendront malt puis bière. En effet, pour garantir les qualités brassicoles des grains d’orge, il est crucial de maîtriser leur taux de protéines, ce qui représente tout un enjeu pour les agriculteurs en ces périodes de changements climatiques.

D’après les brasseurs, il existe un taux idéal de protéines pour l’orge : ce serait la condition pour faire mousser la bière et garantir tous ses parfums. En dessous de ce seuil, un taux trop faible entraîne des défauts de fermentation et altère la mousse. Trop élevé, il perturbe la filtration, affectant la clarté et la texture de la boisson. Ainsi, à chaque récolte, les producteurs d’orge se doivent de garantir la qualité de leurs grains, au risque de voir leurs productions déclassées en nourriture pour les animaux d’élevage, qui sont moins regardants sur la quantité de protéines. Pour obtenir de l’orge brassicole, maintenir le taux entre 9,5 et 11,5 % devient impératif, mais cette quête d’équilibre est soumise à de nombreux facteurs, notamment climatiques et agronomiques. Les besoins estimés pour un quintal de grains sont d’environ 2.5 kg d’azote, avec un premier apport au semis équivalent à 50 kg/ha et le solde entre début et plein tallage. Il est également possible d’épandre des fertilisants organiques (avicoles ou bovines, respectivement 3 t ou 15 à 20 t/hectare).

Une stratégie qui s’adapte au changement climatique

Les fortes précipitations, l’érosion des sols et leur lessivage, parfois accentués par les pratiques modernes de labour, interfèrent avec cet équilibre fragile. Face à ces enjeux, les producteurs doivent jongler avec diverses stratégies. Pour rappel, dans le cas de l’orge brassicole, on recherche à la fois un taux de protéines max de 11.5 % tout en garantissant un calibrage minimum de 90 % > 2.5 mm. Pour l’orge de printemps, les apports se font au tout début du cycle, en deux fois ou au stade 2-3 feuilles. L’ajustement de la fertilisation, le fractionnement des apports en azote et la sélection de variétés adaptées deviennent rapidement des impératifs. Cette approche agronomique fine vise à maintenir le taux de protéines tout en préservant les rendements et en respectant les contraintes environnementales. Lorsque la région s’y prête, certains exploitants expérimentent la modification des dates de semis des orges de printemps jusqu’au début de l’hiver, comptant sur la douceur des températures ces dernières années, afin d’obtenir une récolte avant les vagues de chaleur de mai-juin.

L’orge se révèle être bien plus qu’une simple céréale. Elle incarne un équilibre délicat entre exigences brassicoles et impératifs nutritionnels pour le bétail. Dans ce contexte, le maintien du taux de protéines dans des seuils acceptables revêt une importance capitale. C’est dans une approche agronomique raisonnée et diversifiée que réside la clé de cet équilibre, assurant ainsi la qualité de la bière et la valeur nutritionnelle de l’alimentation animale, tout en garantissant la durabilité de la filière.

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