Orge : piloter l’azote en brassicole ou fourragère
Les itinéraires techniques de fertilisation de l’orge diffèrent légèrement selon le débouché qui donne des objectifs de taux de protéines différents. Une certaine prudence est requise pour les marchés destinés à la malterie.
La fertilisation azotée de l’orge influence évidemment le rendement, mais également le taux de protéines qui est un facteur essentiel qui oriente la qualité des récoltes selon le débouché recherché. Les taux de protéines élevés sont bien valorisés en alimentation animale. En revanche, l’industrie brassicole cherche des taux de protéines qui doivent classiquement être compris entre 9,5 % et 11,5 % au-delà de quoi le risque est celui d’un déclassement en fourragère qui pourrait fortement pénaliser le revenu.
Deux à trois apports en orge d’hiver
Le besoin total de l’orge d’hiver en azote est estimé à 2.5 kg d’azote par quintal à l’optimum de rendement d’objectif selon le bilan prévisionnel (Comifer). En orge d’hiver à orientation brassicole, ce taux peut être corrigé à 2,2 selon Arvalis. La fertilisation azotée de l’orge d’hiver s’envisageait traditionnellement avec deux apports dont le premier à fin de tallage (30 à 60 unités environ) et le solde au stade épi 1 cm, souligne Arvalis. Cependant, il a été démontré que des stratégies à trois apports (troisième apport de 40 et 80 kg N/ha entre les stades « 2 nœuds » et « dernière feuille pointante ») pouvaient être adoptées avec des gains de rendements dans les sols les plus dépourvus en azote et ceci sans dégrader la qualité brassicole. Mais tout dépend de la situation. Car en moyenne, Arvalis note un effet neutre sur le rendement du fractionnement en trois apports plutôt que deux. L’Institut du végétal constate même un effet négatif lorsque la dose totale à fractionner est faible à moins de 130 kg par hectare. Deux apports maximums sont dès lors à envisager, d’autant plus que ce sont dans ces situations « confortables en azote », où le risque de surestimer la dose à apporter (et de dépasser les taux de protéines pour le débouché brassicole) est le plus fort, souligne Arvalis. Dans les cas où la dose totale calculée d’azote à apporter est supérieure à 140 kg/ha, une stratégie avec trois apports peut se justifier avec un risque modéré de déclassement par excès de protéines selon Arvalis. L’Institut révèle par ailleurs un risque de « sous-estimer la dose totale pour les situations à fort potentiel ». Dans ces situations à forts besoins, un troisième apport est corrélé à un gain de rendement de 8 q/ha. Pour limiter le risque de dépassement du taux de protéine, cet apport ne doit pas être plus tardif que le stade deux nœuds tandis qu’en débouché fourrager, il peut attendre le stade de dernière feuille pointante.
Pilotage des orges de printemps
Les dernières études réalisées sur les orges de printemps montrent selon Arvalis que le besoin azoté par quintal produit de la culture est de 2,5 kg d’azote. Selon le type de sol, la variété et l’objectif de rendement, les agricultrices et agriculteurs peuvent utiliser un taux corrigé (Bq) entre 2 et 2.5. Le calcul de la dose totale à apporter répond à la méthode du bilan comme pour le blé tendre et les orges d’hiver. Il doit prendre en compte les reliquats de sortie d’hiver (RSH) mais également la minéralisation du couvert d’interculture. « Il est conseillé de fractionner la dose totale d’azote sur les sols superficiels, ou avec un RSH faible, et lorsque la dose totale est supérieure à 120 unités/ha ». Cette stratégie de fractionnement en deux apports (1/3 au semis et 2/3 au tallage ou 50-50 en année sèche) est d’autant plus appropriée que le semis de l’orge de printemps est précoce. Le fractionnement permet dans ces situations d’améliorer notablement le coefficient d’utilisation de l’azote. Selon l’Unifa (Union des Industries de la Fertilisation), ce deuxième apport devient inutile en orge brassicole de printemps « si aucun épisode pluvieux significatif n’est annoncé dans les jours suivant l’épandage. En effet, l’azote risque alors d’être valorisé trop tard en cas d’une longue période sans pluies, et dans ce cas le risque de dépassement de la teneur acceptable en protéines augmente ».
En orge brassicole de printemps, la stratégie de fractionnement en deux apports (1/3 au semis et 2/3 au tallage ou 50-50 en année sèche) est d’autant plus appropriée que le semis de l’orge de printemps est précoce. (A. DUFUMIER)
En orge d’hiver, le fractionnement en trois apports est adapté dans les situations à forts potentiels de rendement et faibles teneurs du sol. (A. DUFUMIER)