L’azote, un élément clé pour la décomposition de la paille
La paille représente une richesse pour le sol. Cependant, lors de sa décomposition, les micro-organismes ont tendance à consommer l’azote présent dans le sol. La bonne gestion des apports permet d’éviter le phénomène appelé “faim d’azote”, qui peut ralentir la croissance des cultures suivantes.
La décomposition des résidus végétaux, comme la paille, est essentielle pour maintenir la qualité du sol. Mais cette décomposition est un processus complexe, où l’azote joue un rôle fondamental.
Déséquilibre du rapport C/N et faim d’azote
Les micro-organismes présents dans le sol, tels que les bactéries et les champignons, sont responsables de la décomposition de la paille. Pour se multiplier et dégrader la matière organique, ils ont besoin d’énergie, qu’ils tirent du carbone contenu dans la paille. Toutefois, ils prélèvent aussi de l’azote, un nutriment vital pour construire leurs protéines. Lorsqu’une grande quantité de paille est incorporée dans le sol, le rapport entre le carbone et l’azote (C/N) devient déséquilibré, ce qui entraîne une immobilisation temporaire de l’azote disponible pour les cultures, que l’on appelle « faim d’azote ». Résultat : les cultures se retrouvent en concurrence directe avec ces micro-organismes, ce qui peut ralentir leur croissance, voire provoquer un jaunissement des feuilles.
Broyer la paille accélère sa décomposition
Selon les types de résidus présents, les apports d’azote s’ajustent. Par exemple, dans le cas d’une succession culturale blé-colza, la paille de céréale peut être broyée finement puis incorporée rapidement dans le sol. Cela permet d’accélérer la décomposition et de libérer plus vite l’azote pour les cultures suivantes, comme le colza, qui en est particulièrement gourmand à l’automne. Dans tous les cas, pour faciliter le travail des micro-organismes, il est recommandé d’érafler la paille pour briser les parois ligneuses et leur donner accès au cœur de la tige.
D’autres pratiques agricoles peuvent également prévenir cette faim d’azote. Par exemple, la gestion des couverts végétaux avec des crucifères, comme la moutarde, permet d’accroître la biomasse et d’assurer une meilleure absorption de l’azote disponible, comme le démontre une expérimentation menée par la Chambre d’Agriculture de Mayenne. L’apport d’azote supplémentaire sur ces couverts végétaux permet non seulement de doubler leur production de matière sèche, mais aussi de limiter le lessivage de l’azote pendant l’hiver.
La gestion de l’azote dans la décomposition de la paille est un défi de taille. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’apport de matière organique riche en carbone et la disponibilité de l’azote pour les cultures suivantes. Une approche réfléchie, combinant techniques culturales adaptées et apports d’azote maîtrisés, permet de maximiser les bénéfices tout en évitant les effets néfastes d’une faim d’azote.