Adapter sa gestion de l’azote au pH eau du sol

Selon Arvalis, un autre effet modérateur de l’acidification du sol est la minéralisation des matières organiques, car elle « consomme des protons (H+) » et par conséquent contribue à alcaliniser le sol. (A. DUFUMIER)
Un sol acide favorise le lessivage des nitrates tandis qu’un sol alcalin est propice aux pertes par volatilisation. Dans ce contexte, veiller à l’équilibre du pH est une des clés de l’efficacité de l’engrais.
Valoriser au mieux les apports d’azote minéral. C’est l’un des grands enjeux de surveiller en grandes cultures l’équilibre du pH eau autour d’une fourchette idéale comprise entre 6,5 à 7. « Dans un sol acide (pH < 5,6), la nitrification, c’est-à-dire la transformation de l’ammonium en nitrate – ralentit fortement. Cette étape cruciale de la chaîne d’assimilation azotée par les plantes est alors entravée, réduisant l’efficacité des apports », alertent les agronomes Alain Bouthier et Baptiste Soenen d’Arvalis dans l’article « La gestion de l’azote et le choix des cultures ont un impact important ». En outre, « l’aluminium échangeable devient toxique pour les racines en conditions très acides, compromettant l’enracinement et la nutrition minérale », complètent les auteurs.
Aux origines de l’acidification
L’acidification de nombreux types de sols semble en partie inéluctable du fait de plusieurs phénomènes. La mise en culture est en elle-même acidifiante, car elle consomme et exporte des « bases » du sol comme le calcium, le potassium ou le magnésium. En outre, les légumineuses, par leur mode d’absorption des nutriments et leur capacité à fixer l’azote atmosphérique, ont un effet acidifiant. D’autre part, l’excédent pluviométrique hivernal en climat tempéré, provoque la lixiviation (lessivage) des cations (Ca2+, Mg2+ …) qui ont la capacité de s’opposer à l’acidification du sol. Par ailleurs, le lessivage de l’azote en lui-même sous forme de nitrate a un effet acidifiant sur les sols.
Enjeu majeur de l’efficience
« Si l’azote nitrifié est absorbé par une culture, l’acidification sera atténuée alors que s’il est lessivé hors de portée des racines, l’acidification sera définitivement acquise », appuie Arvalis. L’institut du végétal met ainsi en avant le rôle positif des cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN) : « par leur capacité à piéger les ions nitrate et à les mettre à l’abri du lessivage en période de drainage, les CIPAN permettent de limiter l’ampleur de l’acidification liée à la nitrification de l’azote ammoniacal. Cela suppose une bonne implantation du couvert avant le démarrage de la saison de drainage et une fertilisation azotée équilibrée des cultures ». Selon Arvalis, un autre effet modérateur de l’acidification du sol est la minéralisation des matières organiques car elle « consomme des protons (H+)» et par conséquent contribue à alcaliniser le sol. « Ainsi, la restitution au sol des résidus de culture et de couverts d’interculture permet de limiter son acidification, voire de l’alcaliniser, alors que leur exportation conduit à amplifier la tendance à l’acidification ». Par ailleurs, il est à noter que certains sols ont un pouvoir tampon suffisant qui limite les effets de cette acidification liée à la mise en culture.
pH basique à risque
En situation de sols de pH basique ou alcalin, le risque est également important de perte d’azote sous forme gazeuse cette fois. « Lorsque le pH augmente, la proportion de NH3 augmente au détriment du NH4⁺, conduisant à des niveaux de volatilisation supérieurs », insiste Arvalis. Même dans les sols acides, une élévation locale du pH autour des granulés d’urée (au pH basique) lors de leur dissolution peut provoquer des pertes ponctuelles si les conditions d’humidité et de température sont réunies.
Les bonnes pratiques
Selon Arvalis, toutes les pratiques limitant les pertes d’azote par lixiviation (optimisation des doses d’engrais et des modalités d’apport, choix d’une forme adaptée éventuellement protégée, mise en place de couverts végétaux pendant les périodes d’interculture) mais aussi par volatilisation (optimisation des modalités d’apport des différentes formes d’apport d’azote) contribuent à limiter le risque d’acidification. Ce risque est également réduit par des apports raisonnés de produits résiduaires organiques et l’apport de résidus de cultures